L'épidémie de violences policières aux Etats-Unis a fait plus de 500 morts cette année, et la police a tué 20 personnes au cours de la seule semaine du 12 juin.Les médias américains ont largement ignoré cette statistique sinistre. Ils ont plutôt tenté d'attiser l'hystérie sécuritaire en évoquant la chasse à l'homme pour retrouver deux détenus qui se sont évadés récemment de la prison Clinton dans l'Etat du New York.
Selon une base de données d'homicides policières, la police a tué la 500e victime le 8 juin, lorsqu'un commando policier a abattu Richard Warolf, un homme suicidaire de 69 ans, au cours d'une visite de politesse demandée par sa famille à Sun City, une banlieue de Phoenix.
Le 9, une policière à Des Moines a tiré à travers la fenêtre de sa voiture de police et a abattu Ryan Bollinger, un homme de 28 ans sans armes, après une poursuite de deux minutes à basse vitesse.
Les neuf autres victimes de la police depuis lundi sont: Matthew Wayne McDaniel, 35 ans, en Floride; Rene Garcia, 30 ans en Californie, tué lors d'une interpellation routière; Mario Ocasio, 51 ans de New York, tué par un Taser (pistolet à impulsion électrique); Jeremy John Linhart, 30 ans de l'Ohio, également tué lors d'une interpellation routière; Ross Anthony, 25 ans, de Dallas, tué par un Taser; un homme inconnu suicidaire de 45 ans de la région de Houston; QuanDavier Hicks, 22 ans, de Cincinnati; Isiah Hampton, 19 ans, de New York; un homme sans-abri inconnu de Miami, tué avec cinq balles; et Charles Allen Ziegler, 40 ans, de Pompano Beach, en Floride.
Commentaire: Le mirage de l'homme augmenté, amélioré, qui permet encore une fois à l'être humain de ne pas prendre sa part de responsabilité dans le malheur qui est le sien. Pourquoi se soucier de la destruction de son propre corps, pourquoi vouloir comprendre les maladies de son propre esprit, pourquoi se préoccuper de la dégradation de son environnement : n'avons-nous pas les meilleurs pansements, les meilleures béquilles ? Cette négation à peine voilée de la mort elle-même et ce refus de l'inéluctable ne sont pas le résultat de la quête d'une connaissance juste qui permettrait à l'homme de se libérer. On pourra y voir à la place la manifestation d'une volonté de pouvoir et de contrôle sur un corps qui lui a été donné dans un environnement qui lui a été offert, l'expression de son incapacité à faire face à ses propres peurs en cherchant des raccourcis, des « buffets gratuits », des assurances à la vie.
Les commodités valent-elles le sacrifice d'une liberté sempiternellement réclamé par ces mêmes spécialistes, ces mêmes leaders, ces mêmes élites et ces mêmes hommes d'influence qui n'ont toujours su que conduire l'être humain à sa perte ?