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Les sept violences que l'école inflige aux enfants et esquisse des réponses institutionnelles à ces violences.1. La première violence que notre système éducatif inflige aux enfants réside dans
l'exclusion du domestique du champ éducatif : dès l'école maternelle je découvre qu'il y a dans la société deux catégories d'adultes, ceux, celles plutôt ... qui ont le droit de me punir quand j'ai commis une bêtise et que « je me suis fait prendre » et ceux, celles plutôt, qui n'en ont pas le droit. Celles, donc, qui organisent les activités, les travaux, l'initiation aux éléments fondamentaux de la culture, et celles qui passent la serpillière dans les couloirs, débarrassent les tables de la cantine et me torchent quand, accidentellement, j'ai fait caca dans ma culotte... Il y a donc deux types généraux de tâches, les nobles et les ignobles. Et il arrive, plus tard dans le cursus, que les éducateurs donnent des punitions dites « éducatives » et me voilà collégien ou lycéen, sous les ricanements de mes camarades, condamné à ramasser les papiers dans la cour dite de récréation : effet garanti pour celui dont le père est « technicien de surface », comme on dit, ou la mère femme de ménage... Et, derechef, effet sur les orientations (c'est-à-dire les mécanismes d'élimination des « filières » - joli mot...- nobles) : "mais non ce n'est pas déshonorant d'être orienté dans le technique ! - Cause toujours..." : l'éducateur ment et le sait, et sait que celui auquel il s'adresse le sait...
Réponse à cette première violence : réintroduire le domestique dans le champ de l'éducatif, et il faudrait ici décrire ces classes, ces écoles où chaque élève a une responsabilité (« un métier » - et le tableau des métiers permet les rotations, les progrès selon la complexité des tâches, et de savoir qui fait quoi et quand), où les tâches de nettoyage, d'entretien et de rangement sont valorisées, où les adultes ont le même statut vis-à-vis des enfants... Utopie ? Pas du tout : des milliers d'enseignants savent organiser un vrai milieu éducatif depuis longtemps. Mais est-ce que nos sociétés ont besoin de balayeurs érudits et citoyens, ou de cadres sachant vider leur corbeille à papiers ?