Je suis un mauvais diable, effroyable citoyen, indigne voisin mais je me refuse à la farce du masque dans la rue. Quand je vois s'approcher les morts vivants, calfeutrés derrière lunettes, masque et parfois cagoule, je ne peux m'empêcher de penser que la camarde a gagné la partie plus sûrement que les terroristes d'hier. Notre société s'est brisée, fragmentée, dissoute dans une frayeur irraisonnée : celle de mourir !
La belle affaire que voilà, mes concitoyens découvrent hébétés et ahuris que la mort est la seule issue de ce magnifique voyage qu'on nomme la vie.
Soudain ils réalisent que leur condition de mortel est une menace permanente, un défi toujours remis en jeu, un parcours qui s'achèvera un jour. Eux qui avaient relevé la tête devant les hordes barbares des fous d'un dieu de haine et de terreur, s'inclinent devant un petit virus qui met la planète à genou.
Ils se sont pourtant voilés la face depuis si longtemps quand notre système de santé a été honteusement, méticuleusement, systématiquement attaqué, démantelé, réduit à la misère pour favoriser les capitaux privés et les amis des gouvernants. Ils n'ont pas protesté quand les hospices ont été vendus aux investisseurs de la mort lente dans l'inconfort et l'indignité. Tout cela n'avait aucune importance parce qu'ils n'étaient pas concernés.
Mais qu'on leur affirme qu'une méchante bête pourrait leur couper l'envie de respirer et les voilà qui se couvrent la bouche et le nez pour échapper à la terrible menace. Les zombis pourtant ne se privent pas de leur désir effréné de consommation. Ainsi transformés en spectres, ils hantent en masse les rayons des supermarchés, les centres villes, les esplanades et bords de rivière, persuadés que leur nombre fera fuir la menace.
Commentaire: Voir aussi de Denis Rancourt : La science est concluante : les masques n'empêchent PAS la transmission des virus