Note des Éditeurs : Ariane Bilheran — philosophe, psychologue clinicienne, docteur en psychopathologie, spécialisée dans l'étude de la manipulation, de la paranoïa, de la perversion, du harcèlement et du totalitarisme — a commencé à écrire des articles qui relatent les « Chroniques du totalitarisme », celles qui témoignent du temps totalitaire que nous vivons. Nous avons publié les trois premières parties réunies en un seul article que vous pouvez retrouver ICI. Nous publions aujourd'hui la trilogie suivante des travaux d'Ariane Bilheran — Ô Combien fondamentaux pour comprendre le monde dans lequel nous vivons, à l'instar — entre autres — de l'ouvrage de Andrew Labczewski, La ponérologie politique — Étude de la genèse du mal appliqué à des fins politiques.
Nos lectrices et à nos lecteurs pourront aussi se référer à cet autre article d'Ariane Bilheran que nous avons publié en juin dernier et qui est constitué de trois parties réunies, Psychopathologie du totalitarisme — Le délire paranoïaque, les aspects du projet totalitaire, et comment sortir de l'aliénation collective.
Un autre article, fondamental en ce qui concerne les mécanismes du totalitarisme et de la psychopathie, a par ailleurs été traduit par l'équipe éditoriale française de Sott.net : La psychopathie et les origines du totalitarisme.
Bonne lecture !
« En réalité il n'avait rien fait. Il s'était contenté d'obéir aux ordres ;4 — L'apogée paranoïaque
Depuis quand est-ce un crime d'obéir aux ordres ?
Depuis quand est-ce une vertu de se rebeller ?
Depuis quand serait-ce de la décence de préférer la mort ? »
~ Hannah Arendt, « Culpabilité organisée et responsabilité universelle », in Humanité et Terreur
Le corps dans le système totalitaire : l'apogée paranoïaque
Dans l'hypocondrie délirante de la paranoïa, la maladie est partout, vécue comme dangereuse, mortelle, ennemie du vivant. Le malade est opposé au sain, comme l'impur au pur: ordre est donné d'éliminer (et avant cela, d'« évincer » pour reprendre le mot de Jean-Michel Blanquer, ministre de l'Éducation Nationale en France, concernant les enfants non vaccinés) la partie du corps social désignée comme impure.
L'impureté est à traquer par la terreur et des méthodes radicales : la fin justifie les moyens. C'est la raison pour laquelle la « terreur est constitutive du corps politique totalitaire, tout comme l'est la légalité pour le corps politique républicain. » (H. Arendt). On pourrait tout autant dire qu'en régime totalitaire, l'illégalité est force de loi.
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