Rien n'est plus triste que la mort d'une illusion. ~ Arthur Koestler
Notre plus grande illusion est de croire que nous sommes ce que nous pensons être. ~ H.F. Amiel
Si nous savions ce qu'est l'Illusion, nous saurions par opposition ce qu'est la Vérité. Et la Vérité nous affranchirait. ~ Boris MouravieffL'expérience de la désillusion est de celles qui sont communes à tous. On peut dire à coup sûr qu'à un moment ou un autre, chaque être humain a fait l'expérience de croire en quelque chose qui au final s'est avéré faux. Le choc initial qui survient lorsque sa propre perception du monde s'avère ne pas concorder avec les faits bruts de la réalité peut aller de la légère déception au sentiment d'un traumatisme psychologique écrasant, et toute la gamme entre les deux.
Quel que soit le degré de déception, réaliser qu'on a cru à un mensonge est une expérience douloureuse, pas seulement psychologiquement mais aussi physiquement. Comme un coup à l'estomac, on peut en avoir le souffle coupé. Et parce que nos croyances à propos du monde sont interconnectées avec d'autres croyances ancrées dans nos cerveaux, la destruction d'une croyance peut souvent mener à un effondrement en cascade de nombreuses autres croyances.
Quand une personne est confrontée à des faits qui contredisent des systèmes de croyance tenus alors pour vrais, elle n'a que deux options. La première est de passer en mode « déni » en rejetant les faits comme étant faux afin de maintenir intact son système de croyance choisi et continuer à vivre comme avant. La seconde est d'accepter les nouvelles données et d'essayer de reconstruire un nouveau paradigme interne, ou une nouvelle carte de réalité, qui concilie les nouvelles informations, ce qui peut signifier remettre en question toutes les autres croyances associées à l'ancien modèle.
Le second choix est difficile et demande énormément de force, car il faut abandonner ses idées préconçues et accepter les nouvelles données factuelles. Le premier choix est facile car il nécessite peu d'effort, de douleur, de tristesse ou de réagencement de sa vie ou de ses valeurs. Il est aussi plus confortable et, parce que les humains préfèrent généralement le confort à la douleur, le premier choix est souvent l'option par défaut.
Au moment même où une personne devient consciente de faits qui vont à l'encontre de ce qu'elle croit être vrai, elle fait l'expérience de ce que les psychologues appellent la dissonance cognitive ; il s'agit d'une sensation inconfortable née du fait que ce que l'on voit est tellement en décalage avec ce que l'on tient pour vrai que l'esprit le rejette instantanément, même si les faits sont clairs et indiscutables.
C'est durant ce moment d'expérience de la dissonance cognitive (vous pouvez la reconnaître à la tension et à l'inconfort qui déclenchent cette réaction « réflexe ») que se déroule la bataille décisive entre la vérité et la fiction. Si une personne parvient à rassembler suffisamment de force d'attention et de volonté pour ne pas céder et prendre la voie confortable qui consiste à écarter immédiatement les faits sans ménagement, si elle parvient à garder à l'esprit l'information conflictuelle tout en ressentant consciemment les émotions négatives associées à la dissonance cognitive, la libération qui en résulte peut la transformer. Il faut le vivre pour le croire !
Commentaire: [1] Dans son livre Evil Genes, Barbara Oakley rapporte la chose suivante : Source : Sott.net