Commentaire : Il apparaît que nous ne sommes pas face à une pandémie virale, mais face à une pandémie mentale de panique.
Lire à ce sujet l'article de Paul Levy sur le virus de l'esprit.
L'anthropologue britannique Mary Douglas décrivait en 1966, dans son livre De la souillure. Essai sur les notions de pollution et de tabou, le caractère hors du commun et ambigu de deux animaux, aujourd'hui considérés comme étant probablement à l'origine du virus qui fait trembler toute la planète. La chauve-souris (oiseau sans plumes) et le pangolin (fourmilier à écailles) incarnent chacun à leur manière dans certaines cultures l'aberration, l'impureté et le chaos. En bref, ces deux animaux renvoient à une certaine idée du désordre social. Et s'il y a bien quelque chose que la pandémie de coronavirus rend visible et révèle, c'est toute une série de désordres pour lesquels nous portons, collectivement, une lourde responsabilité.

Aujourd'hui en Italie, les médecins sont contraints de choisir qui sauver et qui laisser mourir du coronavirus, comme l'explique dans le quotidien La Croix un médecin de l'hôpital de Crémone :
Certes notre service public de santé est - à ce jour - sans doute moins dégradé qu'en Italie, mais pour combien de temps, si nous continuons à laisser une vision arithmétique borgne des choses guider nos choix politiques ?« Depuis ces derniers jours, nous devons choisir qui intuber, entre un patient de 40 ans et un de 60 ans qui risquent tous les deux de mourir. C'est atroce et nous en pleurons, mais nous ne disposons pas d'appareils de ventilation artificielle en nombre suffisant. »
Attendrons-nous la prochaine pandémie pour réaliser, impuissants, que nous nous sommes volontairement lié les mains dans le dos avant de sauter dans un torrent ?
Commentaire: