Commentaire : Un article qui présente une double utilité : la première est celle de nous brosser un petit tableau historique des notions de sureté et de sécurité, et la façon dont elles peuvent être perverties. La seconde est celle de nous montrer que lorsque l'on ne prend pas en compte certaines données, et nous parlons ici de tout ce qui se rapporte à la psychopathie, on ne peut pas réellement comprendre la nature du problème. Dans le meilleur des cas, l'analyse ne reste qu'une description du phénomène, dans le pire des cas, l'on fait intervenir des notions philosophiques pour tenter d'énoncer, par des théories complaisantes et du verbiage sociologique, ce que l'on ne s'explique pas vraiment.
Le pouvoir attire irrésistiblement les pathologies en tous genres. La psychopathie s'exprime pleinement lorsqu'elle occupe un place d'autorité ; elle sait s'entourer de toutes les déviances lui permettant d'assouvir ses ambitions et ses désirs. Le psychopathe fait perdurer le système qui l'a propulsé au sommet ; il l'améliore, puisqu'il y va de sa survie. Nous constatons, en parallèle, une dégradation constante des conditions de vie des gens normaux. La technologie aidant, ce que certains se plaisent à nommer "progrès" ne se révèle être en réalité qu'un moyen d'asservissement supplémentaire.
L'article 20 de la loi de programmation militaire, promulguée le 19 décembre, autorise une surveillance généralisée des données numériques, au point que l'on parle de « Patriot Act à la française ». Érigé en priorité absolue, l'impératif de sécurité change souvent de prétexte (subversion politique, « terrorisme ») mais conserve sa visée : gouverner les populations. Pour comprendre son origine et tenter de le déjouer, il faut remonter au XVIIIe siècle...
La formule « pour raisons de sécurité » (« for security reasons », « per ragioni di sicurezza ») fonctionne comme un argument d'autorité qui, coupant court à toute discussion, permet d'imposer des perspectives et des mesures que l'on n'accepterait pas sans cela.Il faut lui opposer l'analyse d'un concept d'apparence anodine, mais qui semble avoir supplanté toute autre notion politique : la sécurité. On pourrait penser que le but des politiques de sécurité est simplement de prévenir des dangers, des troubles, voire des catastrophes. Une certaine généalogie fait en effet remonter l'origine du concept au dicton romain « Salus publica suprema lex » (« Le salut du peuple est la loi suprême »), et l'inscrit ainsi dans le paradigme de l'état d'exception. Pensons au « senatus consultum ultimum » et à la dictature à Rome [1] ; au principe du droit canon selon lequel « Necessitas non habet legem » (« Nécessité n'a point de loi ») ; aux comités de salut public [2] pendant la Révolution française ; à la Constitution du 22 frimaire de l'an VIII (1799), évoquant les « troubles qui menaceraient la sûreté de l'État » ; ou encore à l'article 48 de la constitution de Weimar (1919), fondement juridique du régime national-socialiste, qui mentionnait également la « sécurité publique ».
Quoique correcte, cette généalogie ne permet pas de comprendre les dispositifs de sécurité contemporains. Les procédures d'exception visent une menace immédiate et réelle qu'il faut éliminer en suspendant pour un temps limité les garanties de la loi ; les « raisons de sécurité » dont on parle aujourd'hui constituent au contraire une technique de gouvernement normale et permanente.
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