Arthur Sapaudia pour E&R : Cher Lucien, vous avez écrit en 2017 l'ouvrage Retour sur Maïdan, La guerre hybride de l'OTAN, qui est plus que jamais d'actualité pour comprendre ce qui se passe en Ukraine. Quelle est votre analyse de la situation actuelle ?
Des militaires ukrainiens dans une tranchée
Lucien Cerise : En Ukraine, les ennuis ont commencé en 2013, avec le lancement de la deuxième révolution colorée dans ce pays, nommée dans les médias « EuroMaïdan », formé à partir du surnom « Maïdan » de la place centrale de Kiev. Le but de cette insurrection était de faire tomber le président de la république en exercice, accusé d'être pro-russe, puis de purger l'État, l'administration et les médias de tout ce qui restait de fonctionnaires, d'intellectuels ou de journalistes favorables à la Russie.
Ceci dans la perspective de faire adhérer l'Ukraine à l'Union européenne, ce que Moscou peut supporter, et à l'OTAN, ce qui représente en revanche un danger mortel pour l'intégrité de la Russie. Sur le site de l'OTAN, la chronologie de toutes les étapes de l'intégration de l'Ukraine dans l'OTAN est récapitulée. Un extrait :
« En septembre 2020, le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a approuvé la nouvelle stratégie de sécurité nationale de l'Ukraine, qui prévoit le développement du Partenariat spécifique OTAN-Ukraine en vue d'une adhésion du pays à l'Organisation. » [1]
À noter, le site de l'OTAN est en quatre langues : l'anglais et le français - les deux langues diplomatiques - le russe, pour s'adresser à l'ennemi et, on se demande bien pourquoi, l'ukrainien ! Deux régions ukrainiennes ont désapprouvé en 2014 la révolution EuroMaïdan et l'avenir euro-atlantiste qu'elle promettait au pays : la Crimée, qui a rejoint la Russie, et le Donbass, que la Russie n'a pas accepté d'intégrer, ce qui a lancé une guerre civile entre l'État central de Kiev et cette région rebelle, devenue une sorte de nouvelle Vendée slave.
Commentaire: Oui, la Russie en a assez de l'élite occidentale à deux visages, pour qui le droit international est un bâton avec lequel on peut frapper les autres pays sans le respecter soi-même, parce que l'élite occidentale se considère comme exceptionnelle. La Russie va maintenant montrer que les lignes rouges sont des lignes rouges et qu'elles seront renforcées si les efforts diplomatiques normaux restent vains.
Voir aussi en anglais :